Les autres savent ; moi, je cherche.

samedi 22 mars 2008

Penser la mort

Hier, Embruns a publié un billet sur le manque d'idée de la blogosphère francophone, il aimerait que des sujets de qualité soient plus souvent abordés par les blogs français. Son expérience particulière le rend sensible au problème de la mort assisté ; il a fait un post relatif au cas de Chantal Sébire et un autre relatif au cas d'Hervé Pierra.
Dans un premier temps son post m'a agacé, pourquoi faut-il que le blogosphère erre sur les hauteurs? Si tout le monde se met à penser, ça va être joli. D'ailleurs, sur le sujet, il n'y a que quelques positions possibles. On est pour, avec des arguments, contre, avec d'autres, ou on se sauve en courant (moi). Tous les arguments évoqués sont toujours bons, dans tous les cas, ce qui rend le problème difficile.
Je ne sais pas si je suis pour - ou contre, mais je me suis couchée en y pensant et réveillée de même.
Pas du tout dans un état sympathique.
Voilà ce que ça m'évoque, à moi, dans ma vie à moi, et je suis incapable de digresser sur ce que le législateur devrait faire ou pas.
Ma mère était malade ; elle a eu des problèmes de santé toute sa vie et ils ont fini par devenir sa vie même. Elle se considérait elle-même comme une combattante de la maladie. J'ai acquis progressivement une horreur écoeurée et un dégoût profond de cette attitude, qui me semblait une pose - avait-elle une sorte de névrose qui la maintenant dans sa maladie? je ne sais.
Quoiqu'il en soit, aux alentours de la quarantaine, la mort la préoccupa suffisamment pour qu'elle en parle constamment. Elle me parlait de sa mort, et me confiait son horreur d'une vie à l'hôpital, diminuée et affaiblie. Et, naturellement (je dis naturellement car c'est devenu pour moi un lieu commun que d'entendre exprimée cette idée), elle se mit à répéter : "pas question que je finisse comme ça !!!" chaque fois qu'elle passait devant une personne en fauteuil roulant, ou diminuée de quelque façon que ce soit. "Si je suis comme ça, faut m'achever, hein?" disait-elle, et nous en parlions de temps en temps, à table, pendant le repas.
J'avais 14 ans et j'étais d'accord avec elle. ça me paraissait simple, et en outre j'étais habituée à obéir à ma mère. Aucun souci. Je pensais aux solutions, oui, j'y réfléchissais, je me faisais confiance, je me disais que j'irais faire un casse dans une pharmacie pour me procurer les substances nécessaires (j'avais 14 ans, beaucoup d'imagination et peu de pragmatisme).
Au fil du temps, en y repensant, l'idée me parut plus grinçante. Mon imagination m'aidait à me représenter la chose. Il faudrait que je fasse une piqure, peut-être. Pincerai-je la peau? Ou pas? Je me visualisais, pinçant la peau décharnée de ma mère, et plantant l'aiguille. Intramusculaire ou intraveineuse? Je ne pensais pas, autour de moi, à une ambiance médicale, je me voyais faire cela dans le salon, ou dans sa chambre. La scène devenait difficile à faire vivre en moi, et je l'écartais de ma pensée.
Mes rapports avec ma mère n'étaient pas bons. Elle était autoritaire et indiscrète. Un jour, je me disputai violemment avec elle, et je lui demandais d'oublier que j'étais sa fille. Cela me paraissait tout simple. Il n'y avait qu'à la gommer de ma vie, cette ombre douloureuse et étouffante, et tout irait mieux. Je m'aperçus qu'on ne peut pas gommer sa mère de sa vie. Même si je ne lui parlais plus, elle était toujours là en moi, odieusement présente. Je m'aperçus aussi qu'elle m'aimait, ce dont j'étais venu à douter, d'un amour insupportable et dévorant, mais qu'elle m'aimait.
Trois mois plus tard, je tombai malade, et passai cinq jours dans un semi-coma artificiel. Le lendemain de mon réveil, elle était à mon chevet, et la première chose que je lui dis (bêtement) fut : "C'est arrivé pour me punir de m'être disputée avec toi".
Mes pensées relatives à la mort de ma mère prirent un tour plus technique. A l'hôpital, j'étais percée de tubes et de perfusions. Je compris que je n'aurais pas à toucher sa peau si je devais lui faire une piqûre. Il suffisait d'introduire une seringue dans un tube. Et si quelqu'un de fou m'avait fait ça à moi, à l'époque? Il aurait, alors, été si facile de me tuer : je ne pouvais même pas me lever seule, je n'aurais même pas vu qu'on introduisait cette substance dans tous les tuyaux dont j'étais perfusée;
Et puis tout d'un coup, en y repensant, je décidai que même si l'occasion se présentait, même si elle me le demandait, je ne tuerais pas ma mère si elle me le demandait. Je ne pourrais pas, me dis-je. Une culpabilité atroce roderait sur moi. J'avais déjà trop pensé, au fil du temps, à la mort de ma mère, j'avais déjà trop réfléchi à la chose, il fallait abandonner cette idée, il fallait cesser d'être hantée par cette question. Voilà. C'était décidé. Je ne l'aiderai pas à mourir. Je pleurerai. Je souffrirai. Mais ce serait tout.
Mais ce n'était pas tout. Je continuai d'y penser, et je changeai encore d'avis. Je décidai d'attendre et de voir comment les choses allaient évoluer. Il y a des décisions qui se prennent dans un contexte.
Un jour, une des nombreuses maladies de ma mère se réactualisa. Il fallut passer des examens. Elle passa des examens.
Elle m'appela ensuite. Un soir. C'était un cancer, et elle en avait pour quinze jours. Elle était dans telle clinique, et attendait une place en soins palliatifs. Je n'avais pas besoin de me presser, mais ce serait bien que je vienne, puisqu'elle allait mourir.
Je compris que le jour était arrivé, ce jour qu'elle attendait depuis si longtemps, et dont elle me parlait tellement : le jour de la mort. Celui qu'elle redoutait. Je pensais qu'au moins, 15 jours, elle ne serait pas diminuée, puis mes propres pensées m'effrayèrent et je me dis : que doit-on penser quand sa mère vous appelle pour dire qu'elle va mourir? Quelles pensées autorise-t-on? Quelles pensées interdit-on? Elles montent, un peu partout, d'on ne sait où. On ne savait même pas qu'elles étaient là, elles viennent, tourbillonnent autour de ce que l'on croit être, de notre personne sociale, et elles la font danser une danse sinistre qui ne ressemble à rien. Je mourais déjà un petit peu. Que faire? où aller? je ne savais plus penser tant des nuées violentes agitaient mon esprit.
Puis j'accrochai un petit fil : partir. Petit fil simple. Une idée fixe : autour, la tempête, au milieu, partir. Le contexte était un peu particulier, seule, à l'étranger, liquide suffisant pour trois jours, pas de carte bleue prise par mon mari parti à l'étranger (dans un autre étranger) pour trois jours. Les choses n'arrivent jamais avec ordre. Des amis me prêtèrent du liquide, un avion partaient six heures après dans l'aéroport qui se trouvait à un quart d'heure de chez moi, je m'envolai.
J'arrivai à six heures, à Paris, on vint me chercher, embouteillages, j'appelle ma soeur, elle ne peut pas me passer ma mère, je rappelle, elle ne peut plus me passer ma mère. Pourtant les voitures autour de moi sont toutes semblables, le ciel est gris, habituel, la terre ne s'est pas arrêté de tourner.
J'arrive dans la clinique, on ne veut pas que j'entre, c'est le soir, je dis que je viens de loin en avion pour voir ma mère morte, je suis prête à casser tout pour entrer, on me fait entrer, je monte, je vois ma mère, elle est morte, c'est elle sans être elle, un rictus lui déforme la bouche :elle est morte en étouffant. En la voyant je me suis mise à hurler dans un sorte de grand silence blanc, et j'ai entendu des voix qui disaient que je faisais une crise de nerfs ; je ne crois pas, mais il me semblait que le moyen le plus opportun de m'exprimer à ce moment était de hurler : la subtilité et les finasseries du langage articulé ne convenaient pas à mon état d'esprit du moment : le hurlement seul avait un sens.
Deux jours après, je reviens, elle n'est plus dans la chambre. Pour nous emmener voir son corps préparé, il faut descendre un escaliers, un escalier qui n'en finit pas, murs blancs, lisses, neutres, malgré tout comme cette descente n'en finit pas, je crains en bas d'ouvrir une porte et de tomber sur les enfers, Charon Cerbère, le Styx que j'imagine puant. Mais l'ultime porte ne donne pas sur le Styx, mais dans un parking. Une porte mène à un dédale de petites pièces, ma mère est dans l'une, on a mis un bandage très serré autour de sa machoire pour la maintenir fermée.
Le jour de l'enterrement nous allons la chercher. Une petite partie du parking est close, par une porte KZ et quand on entre, à côté des voitures, il y a ma mère dans son cercueil. De l'autre côté, les voitures. Et là, ma mère morte. ça sent les produits chimiques et l'essence.
Est-ce que j'aurai pris la décision de l'aider à mourir si elle me l'avait demandé? Dans les derniers moments je m'étais dit que oui. J'avais mis en balance ma culpabilité potentielle et ma capacité à dire non et ma culpabilité avait été moins forte.
Pourquoi ai-je écrit ça? je n'en sais rien. Pour me débarrasser des images qui tournoient dans ma tête depuis hier.
Nous avons un problème avec la mort, c'est que je m'étais dit en arrivant dans le parking.
Du coup, un autre souvenir, réactualisé par tout ça.
Cela se passe dans un autre pays (ça se passe toujours dans un autre pays). j'y ai une baby sitter sri lankaise. Elle m'adore, parce que je lui file une prime à Noël. Du coup, elle me fait pénétrer dans son intimité et elle me montre des photos de son mari. Petit détail, son mari est mort. Elle me montre donc les photos de l'enterrement. Je bloque un peu pour les regarder.Il y a plein de gens, habits multicolores, comme dans les films indiens, des fleurs, des tables, des chaises, de la nourriture, et le mort. On voit ma baby sitter en larmes, entourée de gens qui la soutiennent. On la voit aussi en photo de groupe, comme pour les mariages ; avec ses frères, avec ses soeurs, avec ses beaux frères, avec ses belles soeurs. J'avais été un déconcertée et un peu choquée : c'était une fête, ou un enterrement?
Mais aujourd'hui, je sais que j'aurais préféré que ma mère morte ait été exposée au milieu des fleurs, dans un jardin, au milieu peut-être d'une foule de gens, non pas ses amis, ma mère avait très peu d'amis, mais de relations sociales, ou de mes amis à moi. Une sorte de dernier adieu à la vie, au milieu de la vie.
Je n'y avais pas pensé. Jamais. Je n'avais rien prévu pour l'enterrement. Et, lorsque les évènements ont eu lieu, j'étais, et nous étions tous, dans un état d'abattement qui ne nous a pas permis d'anticiper les choses. je n'avais jamais pensé jardin, ou fleurs, ou pas jardin et pas fleur. Je n'avais pensé à rien, et aucun lieu véritablement beau n'existe pour donner à ce dernier hommage une tenue particulière, sauf peut-être si l'on est richissime. Je ne sais pas comment font les autres. Les enterrements ont-ils toujours cet air de se faire à la sauvette? Comme si la mort était une honte? Alors qu'elle est l'issue inéluctable du temps que nous passons sur terre?
Il me semble que nous devrions réfléchir, nonpas seulement à l'aide à mourir, sujet sur lequel mon esprit bute totalement et se refuse à avoir une opinion définitive, mais à la mort : pour l'instant c'est un sujet caché, tabou, alors qu'elle est l'un des deux affaires véritablement commune à tous les hommes, avec le sexe.
J'admire ceux qui savent : qui savent qu'il faut autoriser les médecins à faire mourir, et comment, et ceux qui savent qu'il ne faut pas. Je comprends ceux que l'expérience vécue, quelle qu'elle soit, à mener à se forger une idée sur le sujet. Moi, je ne sais pas. Une sidération mentale bloque ma réflexion sur le sujet.
Quelques témoignages intéressants sur le sujet, pour aider un lecteur éventuel à rejoindre le camp de ceux qui savent.

Tara, une commentatrice de Koz.
Le cas évoqué par Laurent Gloaguen, d'Hervé Pierra.
Koz.
Et pour finir, une lecture suggérée, si ce livre se trouve encore, car pour moi il évoque parfaitement le sujet, ou ses conséquences à moyen terme : L'étoile de ceux qui ne sont pas nés, de Franz Werfel. Il s'agit d'une société future (évoquée par un ami de Thomas Mann et Hermann Hesse, juif allemand qui vivait à une époque où la question de l'élimination des inutiles s'est posée) qui élimine, très proprement, courtoisement et urbainement, ses vieux (à partir de quel moment la vie ne vaut-elle plus la peine d'être vécue en l'état?). (Je l'ai lu il y a au moins vingt ans, mes souvenirs sont flous, mais on y trouve des interrogations communes avec le Jeu des perles de verres).
Je suis parfaitement consciente de ce que ce post n'apporte rien au chmilblick, mais à force de retourner les couteaux dans les plaies, ça saigne un peu.

Et avoir fait autant d'études pour rédiger aussi peu structuré, merde. Il y a gâchis.

samedi 8 mars 2008

T'as voulu voir Vesoul...





















Je me félicite toute seule, mais c'est de bon coeur. J'ai été superpositive sur Sarko depuis une semaine.
Du coup, satisfaite, je vais sur l'Elyséethèque. Je vais me faire un petit coup de je, je, je, je, de Qu'est-ce que/qui?, de Moi je dis je pense et de Il faut que. ça me manque, quoi.
Bien. Sarko a été à Vesoul. Dans un centre d'apprentissage.
Le discours est .

Extrait favori :
Notamment, je félicite l’esthéticien d’abord qui a un tel sourire et un tel plaisir d’apprendre, c’est fantastique de sa part d’avoir eu le courage de s’engager dans une filière où je suis sûr qu’au début, le regard des autres ce devait être pour toi un problème. Et bien tu es un homme courageux car tu as choisi quelque chose qui te plaît sans te préoccuper des présupposés des uns et des autres et tu as raison parce que demain, tu auras un emploi, parce que tu vas réussir et ceux qui se seront moqués, il y en a beaucoup qui seront au chômage à t’envier parce que tu as un boulot qui te plaît. Et personne n’a à juger a priori et c’est tout à fait respectable le choix que tu fais. En tout cas, je voulais vous dire que vous représentez cette France qui travaille, qui veut vivre de son travail. Vous aurez des beaux métiers, que ce soit dans la voiture, dans l’électronique, dans la carrosserie. Vous pourrez faire vivre vos familles, vous n’aurez pas besoin de tendre la main pour demander à quelqu’un de vous aider parce que vous vous serez aidés vous-même.

Révélateur de ce qu'il souhaite pourfendre (on dira que c'est l'intention qui compte, OK?), le passage mis en gras. Sarko, ou le rédacteur, suppose que les regards posés sur cet étudiant ont été ironiques parce qu'il peut sembler surprenant qu'un garçon choisisse la voie de l'esthétique/ de la formation professionnelle. On peut imaginer que l'élève a dit à Sarko que l'on s'était moqué de lui, et Sarko y fait allusion. C'est possible, mais telle qu'elle elle révèle quand même quelque chose, cette phrase.
Le discours, sur le fond, n'est pas mal. On ne bondit pas comme sur celui du Latran. D'un autre côté, il ne peut pas ne dire que des conneries. Je ne parle pas de la fin.
Sur le fond, l'idée de revaloriser la formation professionnelle est bonne. Mais est-ce que les mots suffisent? (Question idiote) Comment forcer la réalité?
Parce que tout de même, en France, les lycées professionnels ne sont pas censés former l'élite. On le voit bien, rien qu'avec le choix des profs. L'idée est bonne, mais ça fait quand même 20 ou 30 ans qu'on envoie en apprentissage les élèves qui n'accrochent pas avec le système scolaire classique.
C'est bien beau de fustiger les étudiants qui se retrouvent en fac sans savoir ce qu'ils vont y faire. Je veux bien croire que la situation s'est dégradée, mais quand j'étais, moi, en fac, c'était déjà ça. Moi-même, je ne savais pas ce que je voulais faire - au moins avais-je un niveau qui m'a permis de réussir. Mais tous mes camarades qui ne savaient pas ce qu'ils voulaient faire étaient d'assez bons élèves à qui on n'aurait jamais proposé une formation parce qu'ils étaient trop "bons élèves" pour cela.
Pour avoir un peu travaillé dans des collèges, j'ai toujours vu écarter vers les filières pro les ratés, et ceux qui le souhaitaient ; je n'ai jamais vu présenté vraiment positivement les filières pro. C'est peut-être là où il faut agir.

Autre extrait :
"tu as raison parce que demain, tu auras un emploi, parce que tu vas réussir et ceux qui se seront moqués, il y en a beaucoup qui seront au chômage à t’envier parce que tu as un boulot qui te plaît"
Cette façon de présenter les choses me rappelle les affiches du Front Populaire. Trop simple. Au fond, en rouge peut-être, les groupes de mauvais étudiants paresseux, peut-être entourés des signes visuels de la paresse (coupe de vin renversée? bière?), au premier plan les étudiants travailleurs, bras croisés, regards fiers, tournés vers l'avenir? Il y a des relents de populisme de droite dans cette phrase. Je ne me lance pas dans des remarques sur le fascisme larvé de Sarko, j'ai vécu dans une dictature, et la France en est loin, quoiqu'on en dise !!! Mais cette idéologie sous-jacente m'écoeure.

Le diplôme d'Asher Mallah






















Asher Mallah est le cousin de Benedict Mallah, grand-père maternel de Nicolas Sarkozy. Les liens explicatifs sont dans le post précédent.
J'insiste sur ce diplôme pour la raison suivante :
  • j'aime l'écriture arabe
  • je suis toujours bêtement heureuse de trouver des documents qui évoquent, d'une façon ou d'une autre, l'imbrication, pas toujours tendre, des cultures juives, chrétiennes et musulmanes dans le monde méditerranéen. Ces trois cultures sont soeurs, à mes yeux, mais leurs enfants se disputent. J'espère que les petits enfants s'entendront. A la lumière des cultures étrangères d'Orient ou d'Afrique, et il n'y nul mépris dans ces mots, la "fraternité" des cultures méditerranéennes me saute aux yeux.
  • ce diplôme explique, pour moi, un point du discours de Nicolas Sakozy lors de son élection : le partenariat euro-méditerranéeen, idée que j'ai toujours trouvée étrange, c'est-à-dire que je n'ai pas vu l'opportunité de soulever ce point au lendemain de l'élection ; je l'ai trouvée excellente, bien qu'utopique, mais je me suis vraiment demandé d'où Sarko nous sortait ça. maintenant, je comprends.

Le grand-père de Nicolas Sarkozy

Avant tout, je précise que je trouve l'histoire des origines de Nicolas Sarkozy comme une histoire extrêmement romanesque, et je ne sais pas pourquoi cela me rappelle un roman de Michel Déon, Un déjeuner de soleil.
D'autre part, vu que j'ai vécu hors de France un bout de temps, et rencontré de nombreuses familles (levantines la plupart du temps) cosmopolites, je fantasme toujours un peu sur ces gens qui ont des grands-parents aux quatre coins du monde, ou plutôt, en général, aux quatre coins de la Méditerranée.
Le blog "La Turquie pour les Nuls" a publié en mai 2007 un billet sur les origines ottomanes de Nicolas Sarkozy.

Extraits :

"Ainsi, les Mallah et le grand-père maternel de Nicolas Sarkozy appartiennent à une famille sépharade accueillie par l’Empire ottoman. A l’époque de la naissance de Benedict Mallah, Salonique (appelée alors Selanik et pas encore Thessaloniki) fait partie intégrante de l’Empire ottoman. La ville est, d’ailleurs, tellement turque qu’elle donne naissance en 1881 à Mustafa Kemal Ataturk qui devient, en 1923, le fondateur de la Turquie moderne et républicaine."

"Trois générations séparent seulement Nicolas Sarkozy, devenu Président de la République française, et « Ascher Mallah Effendi », le cousin de son grand-père maternel. Trois générations seulement pour qu’en 2007 Nicolas Sarkozy s’oppose frontalement à l’adhésion de cette Turquie où une partie de sa famille a jadis trouvé refuge."

Donc, le petit-fils d'un sujet ottoman, non seulement s'oppose à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne - mais cette décision politique n'a, selon moi, pas à être dictée par des élans du coeur (imaginons un instant qu'il ne s'y oppose pas, combien pire serait alors la réaction, on l'accuserait probablement de vendre l'Europe à l'Orient, en vertu de ses origines, selon une logique qui feint de penser que l'on n'existe et ne se comporte qu'en fonction de ses origines, comme si les ancêtres téléguidaient les choix de vie des hommes politiques, comme si la race prédéterminait des comportements) ; mais encore bloque avec outrance l'immigration - là encore une décision politique, qui n'a pas non plus à être dictée par les élans du coeur, mais justement la raison pourrait faire valoir ses droits et révéler l'importance des mélanges au sein d'un pays.

Ou alors, faut-il y voir le réflexe de survie du parvenu de bas-étage? Moi et ma famille avons émigré et réussi à nous installer malgré les obstacles, je n'enlèverai pas les obstacles pour les suivants?

Ou encore autre chose : la politique d'immigration refoule généralement de pauvres gens qui n'ont pas l'habileté et les moyens de s'intégrer, car il est plus facile de s'intégrer et d'avoir ses papiers lorsque l'on a une belle situation, que l'on est muté par sa société, que lorsque l'on fuit simplement, coûte que coûte, un système autocratique et assassin. Dans la logique de l'immigration choisie, le gouvernement se propose-t-il de n'accepter qu'une sorte d'aristocratie de l'immigration?

Je peine à analyser clairement ces choses. Ami lecteur, si tu veux me laisser un lien pour me donner l'occasion de m'instruire, ou critiquer pour me donner de nouvelles idées, n'hésite pas, je t'en prie.

vendredi 7 mars 2008

Jouer aux dés avec l'histoire

Les américains ont une approche de la politique qui ressemble à leur cinéma. On envoie un agent spécial avec de l'argent, des soutiens, et une mission, et il accomplit sa mission en deux coups de cuillères à pot, pour le compte de son état, considéré selon les fantaisies des scénaristes comme gentil ou méchant.
C'est apparemment ce que révèle une enquête menée par des journalistes de Vanity Fair, selon Rue 89.

Selon David Rose, un journaliste d'investigation britannique qui est déjà l'auteur d'un livre très fouillé sur la prison de Guantanamo, Condoleezza Rice, la Secrétaire d'Etat, et Eliott Abrams, le Conseiller adjoint à la Sécurité de la Maison Blanche, sont les deux maîtres d'oeuvre de cette opération clandestine approuvée par George Bush. Le plan visait à permettre à Mohamed Dahlan, l'homme fort de la sécurité palestinienne à l'époque de Yasser Arafat, équipé par des armes fournies par les Etats-Unis, d'écarter du pouvoir le Hamas, vainqueur des élections législatives de janvier 2006.

"Le plan secret a eu un effet contraire, provoquant un nouvel échec pour la politique extérieure de George Bush. Au lieu d'écarter leurs ennemis du pouvoir, les hommes du Fatah soutenus par les Etats-Unis ont amené le Hamas a prendre le contrôle total de la bande de Gaza."


jeudi 6 mars 2008

Consulat de France en Colombie

D'après mon expérience, les consulats de France (j'avoue cependant ne pas les avoir tous visité) sont notoirement peu amènes envers les ressortissants français. C'est-à-dire que l'on vous y enjoint de ne pas vous mettre mal avec les autorités locales. (Il est très, très important d'être bien avec les locaux : quand le consulat fait des listes de gens à inviter lors de visites consulaires suivies de pots, tous les Français sont implicitement conviés, mais seul le gratin, évalué par les huiles franco-locales du coin, reçoit une lettre d'invitation). D'ailleurs l'histoire de Véronique Robert ou plutôt de son fils à Dubai me paraît très intéressante. L'article du Times montre bien que le consulat ne s'est bougé les fesses qu'après que Véronique les ait appelé de France. Ses relations avec l'Elysée ont été un plus, et ont seules fait bouger les choses. Franchement, je voudrais bien savoir quel Français de base pourrait faire ça (réveiller le Consul ou un employé du consulat en pleine nuit - et ne parlons pas du petit mot à Sarkozy). Dans un pays où j'ai habité, il était impossible de joindre le consulat le soir et le week-end : le numéro d'urgence qu'ils fournissaient était un portable toujours coupé. Le principe de base, c'est démerde-toi, sauf si tu es un VIP.
D'autre part, après un petit tour sur le site du consulat de France en Colombie, qui renvoie à une page du MAE, il existe quelques règles à respecter quand on se balade en Colombie.
Comme il est terriblement regrettable qu'Ingrid Bétancourt n'ait pas regardé d'un peu plus près ces recommandations de France Diplomatie.

Mais vindiou que cherché-je?

Justement, nous touchons là au fond de mon problème : je ne sais pas ce que je cherche. L'objectif de ce blog est de me faire écrire, pour améliorer progressivement ma prose, car je n'ai que peu de temps ; l'autre objectif, de parler de tout et de rien - surtout de tout.