Les autres savent ; moi, je cherche.

samedi 8 mars 2008

T'as voulu voir Vesoul...





















Je me félicite toute seule, mais c'est de bon coeur. J'ai été superpositive sur Sarko depuis une semaine.
Du coup, satisfaite, je vais sur l'Elyséethèque. Je vais me faire un petit coup de je, je, je, je, de Qu'est-ce que/qui?, de Moi je dis je pense et de Il faut que. ça me manque, quoi.
Bien. Sarko a été à Vesoul. Dans un centre d'apprentissage.
Le discours est .

Extrait favori :
Notamment, je félicite l’esthéticien d’abord qui a un tel sourire et un tel plaisir d’apprendre, c’est fantastique de sa part d’avoir eu le courage de s’engager dans une filière où je suis sûr qu’au début, le regard des autres ce devait être pour toi un problème. Et bien tu es un homme courageux car tu as choisi quelque chose qui te plaît sans te préoccuper des présupposés des uns et des autres et tu as raison parce que demain, tu auras un emploi, parce que tu vas réussir et ceux qui se seront moqués, il y en a beaucoup qui seront au chômage à t’envier parce que tu as un boulot qui te plaît. Et personne n’a à juger a priori et c’est tout à fait respectable le choix que tu fais. En tout cas, je voulais vous dire que vous représentez cette France qui travaille, qui veut vivre de son travail. Vous aurez des beaux métiers, que ce soit dans la voiture, dans l’électronique, dans la carrosserie. Vous pourrez faire vivre vos familles, vous n’aurez pas besoin de tendre la main pour demander à quelqu’un de vous aider parce que vous vous serez aidés vous-même.

Révélateur de ce qu'il souhaite pourfendre (on dira que c'est l'intention qui compte, OK?), le passage mis en gras. Sarko, ou le rédacteur, suppose que les regards posés sur cet étudiant ont été ironiques parce qu'il peut sembler surprenant qu'un garçon choisisse la voie de l'esthétique/ de la formation professionnelle. On peut imaginer que l'élève a dit à Sarko que l'on s'était moqué de lui, et Sarko y fait allusion. C'est possible, mais telle qu'elle elle révèle quand même quelque chose, cette phrase.
Le discours, sur le fond, n'est pas mal. On ne bondit pas comme sur celui du Latran. D'un autre côté, il ne peut pas ne dire que des conneries. Je ne parle pas de la fin.
Sur le fond, l'idée de revaloriser la formation professionnelle est bonne. Mais est-ce que les mots suffisent? (Question idiote) Comment forcer la réalité?
Parce que tout de même, en France, les lycées professionnels ne sont pas censés former l'élite. On le voit bien, rien qu'avec le choix des profs. L'idée est bonne, mais ça fait quand même 20 ou 30 ans qu'on envoie en apprentissage les élèves qui n'accrochent pas avec le système scolaire classique.
C'est bien beau de fustiger les étudiants qui se retrouvent en fac sans savoir ce qu'ils vont y faire. Je veux bien croire que la situation s'est dégradée, mais quand j'étais, moi, en fac, c'était déjà ça. Moi-même, je ne savais pas ce que je voulais faire - au moins avais-je un niveau qui m'a permis de réussir. Mais tous mes camarades qui ne savaient pas ce qu'ils voulaient faire étaient d'assez bons élèves à qui on n'aurait jamais proposé une formation parce qu'ils étaient trop "bons élèves" pour cela.
Pour avoir un peu travaillé dans des collèges, j'ai toujours vu écarter vers les filières pro les ratés, et ceux qui le souhaitaient ; je n'ai jamais vu présenté vraiment positivement les filières pro. C'est peut-être là où il faut agir.

Autre extrait :
"tu as raison parce que demain, tu auras un emploi, parce que tu vas réussir et ceux qui se seront moqués, il y en a beaucoup qui seront au chômage à t’envier parce que tu as un boulot qui te plaît"
Cette façon de présenter les choses me rappelle les affiches du Front Populaire. Trop simple. Au fond, en rouge peut-être, les groupes de mauvais étudiants paresseux, peut-être entourés des signes visuels de la paresse (coupe de vin renversée? bière?), au premier plan les étudiants travailleurs, bras croisés, regards fiers, tournés vers l'avenir? Il y a des relents de populisme de droite dans cette phrase. Je ne me lance pas dans des remarques sur le fascisme larvé de Sarko, j'ai vécu dans une dictature, et la France en est loin, quoiqu'on en dise !!! Mais cette idéologie sous-jacente m'écoeure.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifique. Sans compter l'influence d'un grand philosophe contemporain sous-estimé, idéologue poitevin à ses heures — j'ai nommé Jean-Pierre Raffarien et sa fameuse : « Intelligence de la main ».
Bon, cela dit, comme les intellectuels sont des branleurs, ils devraient s'entendre, non ?

Mais vindiou que cherché-je?

Justement, nous touchons là au fond de mon problème : je ne sais pas ce que je cherche. L'objectif de ce blog est de me faire écrire, pour améliorer progressivement ma prose, car je n'ai que peu de temps ; l'autre objectif, de parler de tout et de rien - surtout de tout.