Les autres savent ; moi, je cherche.

mercredi 23 janvier 2008

Le discours de Nicolas Sarkozy à Riad

J'ai relu ce discours hier et aujourd'hui parce qu'il me gêne et que je n'arrive pas à parvenir à une conclusion précise.
Pire que ça, même si les conséquences sont faibles, je viens de faire un commentaire quelque part à propos de la laïcité et je me rends compte que j'ai commenté avec légèreté.
Il est si facile de critiquer Nicolas Sarkozy que l'on en vient à ne pas être précis, ou exact, ou rigoureux.
Il faut que je relise aussi le discours devant le pape.
La relecture de ce discours, avec mauvais esprit, m'oblige à me rendre compte que je ne le trouve pas si mal que ça, avec des nuances.
Le texte en lui-même (c'est-à-dire hors contexte).
Il commence par affirmer la grandeur et le caractère sacré de l'Arabie Saoudite, d'un point de vue religieux. Il faut se réjouir qu'un chef d'état occidental prononce tout haut des paroles respectueuses et pleines de louanges pour les msulmans. Personnellement, vu le contexte international, établir un distingo entre le foi et ce qu'il appelle dans son discours "l'utilisation sectariste de la religion à des fins non religieuses", je trouve que c'est une excellente chose. Cela revient à dire : Tous les musulmans ne sont pas des terroristes, et c'est bien.
Il passe ensuite à la laïcité et il affirme qu'il est le Président de tous les Français, toutes fois ou non-fois confondues. Bon. Là non plus, je ne peux pas être contre, il vaut mieux le rappeler, vu ce qu'il a dit avant.
Il rappelle ensuite qu'il est aussi le garant d'une culture, en l'occurence chrétienne (voire catholique). Là.... Je ne vois pas l'intérêt. Puis il évoque les valeurs transmises par les religions, toutes les religions, OK, on ne peut être contre, mais on ne peut pas non plus s'illusionner sur le potentiel politique desdites religions, sur leur mainmise sur la société. Tout le sujet pourrait être évité, il est trop brûlant, trop lourd, on ne voit pas pourquoi il faut en parler à Riyad, ou alors si : vous musulmans, nous chrétiens? C'est un peu ce qui transparaît, mais ça devrait être : vous musulmans, nous: au dessus des religions.
Ensuite, il parle de sa politique de civilisation (un truc vide, on met ce que l'on veut dedans) et là il se branche sur la diversité. Oui, pourquoi pas, ça ne veut pas dire grand chose, la diversité c'est une tarte à la crème. telle qu'il l'évoque, c'est un doublon de la déclaration des Droits de l'Homme, mais pourquoi pas.
Il développe le concept de politique de civilisation et ça devient de plus en plus vide :

C’est une politique qui reconnaît tous les hommes et tous les peuples égaux en droits, égaux en devoirs, égaux en dignité, c’est une politique qui place la vie au-dessus de tout (faut-il en tirer des conclusions sur l'avoortement??). C’est une politique des intérêts vitaux de l’humanité (flou, non?). C’est une politique de responsabilité vis-à-vis des générations futures (tendance bio ou New Age?),
C’est une politique qui veut lutter contre les dérives de la modernité, qui veut lutter contre les excès de la technique, de l’économie, de la finance, qui veut lutter contre la pollution, contre la dégradation de l’environnement. C’est une politique du développement durable. (Un peu de tout, tendance José Bové à la limite. Quand on est général comme ça, il n'y a pas de signification réelle, c'est du baratin)
Mais une politique de civilisation, c’est d’abord une politique de justice. Car le sentiment d’injustice nourrit la haine. (Idem)
Justice pour le peuple palestinien, autre tarte à la crème, on ne va pas dire le contraire?
La justice, nous la devons à tous les peuples opprimés, à tous les exploités, à tous ceux qui souffrent de ne pas voir reconnue leur dignité d’être humain. La justice, nous la devons à toutes les femmes, à tous les enfants martyrisés dans le monde, si nous voulons pouvoir vivre en paix sur cette Terre, si nous voulons pouvoir arracher du cœur des hommes le ressentiment et la vengeance.
Et si on remettait le Tibet sur les cartes des livres de classe? hein? Enfin bref, là le discours par dans le baratin politique de base, sans surprise.
Après le Liban et le Darfour, on en vient au partenariat Euro-méditerranée, là c'est nouveau, un "dialogue" entre partenaire. On ne va pas dire non non plus, le dialogue existe depuis l'antiquité, non? Qu'on le veuille ou non, copines ou pas, les deux rives vivent ensemble. Mais bon, c'est moderne, créons des commissions et des sous-commissions.
On passe à la lutte contre l'intégrisme, et on salue les dirigeants arabes qui luttent, nos copains.
OK.
Donc, la France et le monde arabe, et en particulier l'Arabie Saoudite, sont faits pour s'entendre.

Bon, au final : du baratin politico-diplomatique pas si terrible, mou généralement, avec le rappel des racines chrétiennes de la France.
Bon, les gauchistes crient, même moi j'ai crié, mais ne faut-il pas attendre pour paniquer sur la laïcité?
Oui, si on attend il sera peut-être trop tard, mais soyons logique, je ne peux même pas imaginer que Sarko envisage sérieusement de toucher à ça.
Soit il veut se positionner catho dans un monde musulman, pas si bête d'un côté puisque les msulmans ont plus de respect pour la foi que pour l'athéisme, mais risqué parce qu'internationalement, la France n'est pas un pays religieux. Pour moi, le type même de la fausse bonne idée.
Soit, ou en plus, il veut titiller les gens de gauche et les faire s'agiter, pendant qu'ils s'excitent sur un danger imaginaire ils ne font rien de plus gênant. Mais la gauche est dans un tel désarroi actuellement qu'elle n'avait rien de si effrayant.
Ou alors il veut vraiment tout casser - je ne peux pas y croire.

Au final, ce que je trouve le plus remarquable dans ce texte c'est l'approche de l'islam. Il me semble que c'est une attitude intelligente : cesser de diaboliser ou d'ignorer l'islam, au moins en paroles : je suis peut-être en train de dire une connerie, il faut attendre. Les journalistes feraient bien de s'imposer la même rigeur dans leurs discours sur l'islam, séparer les croyants des fanatiques.

Malheureusement, on peut se demander, comme pour tout discours politique, si c'est sincère. Il est vrai que depuis Miterrand, on ne peut plus croire un homme politique sincère.
Mais Nicolas Sarkozy moins qu'un autre.

Bref, voilà, ce discours je ne le trouve plus si terrible.
Je ne le trouve pas extraordinaire non plus.
Le baratin habituel.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pourquoi avoir choisis ce titre:"longtemps je me suis couché de bonne heure" ?

Mais vindiou que cherché-je?

Justement, nous touchons là au fond de mon problème : je ne sais pas ce que je cherche. L'objectif de ce blog est de me faire écrire, pour améliorer progressivement ma prose, car je n'ai que peu de temps ; l'autre objectif, de parler de tout et de rien - surtout de tout.